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FENELLA.


Elle jette un regard sur Elvire, court vers elle, entr’ouvre son manteau, lui arrache le voile qui couvre son visage, s’éloigne d’elle avec colère, et semble dire : Voilà donc celle que tu m’as préférée, et tu veux que je l’épargne !

ELVIRE.

Fenella, sauvez mon époux !

FENELLA.


Elle n’est plus maîtresse d’elle-même et n’écoute que sa jalousie. Elle aurait sauvé Alphonse, mais elle veut perdre sa rivale. Déjà elle a fait un pas vers la porte de la cabane où les pêcheurs sont rassemblés.

ELVIRE, l’arrêtant par la main.

Vous, nous trahir ! quel transport vous entraîne ?
Ne nous repoussez pas, c’est votre souveraine
Qui vous demande asile et tremble devant vous.

FENELLA.


Son cœur passe tour à tour de la vengeance à la pitié : elle s’arrête entre Alphonse et Elvire.

ELVIRE.

Arbitre d’une vie
Qui va m’être ravie,
À ma voix qui supplie
Laissez-vous attendrir.

ALPHONSE.

Du sort qui nous opprime
Que je sois seul victime !
Seul j’ai commis le crime
Dont tu veux la punir.

FENELLA.


Elle s’est laissé toucher à la voix d’Elvire ; et comme frappée de la voix si belle, elle retire brusquement sa main, que la princesse tenait dans les siennes.