Page:Scribe - Théâtre, 14.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pour achever le sacrifice,
Grand Dieu ! que ne m’as-tu donné
Leur inexorable justice ?
N’adouciras-tu point tes arrêts rigoureux ?
Ne pourrai-je fléchir ces tigres inflexibles ?
Rends-moi, pour t’obéir, rends-moi cruel comme eux ;
Dieu puissant ! ou rends-les sensibles !

Et cependant pour eux mon cœur est alarmé.
Le vice-roi, que poursuivait leur rage,
Aux murs de Châteauneuf est encore enfermé.
Il faut par un assaut consommer notre ouvrage.


Scène III.


MASANIELLO, FENELLA, abattue et chancelante.


MASANIELLO.

Que vois-je ? Fenella ! quelle horrible pâleur !
Nous venons, ô ma sœur ! de venger ton outrage
Qui peut encore exciter ta douleur ?

FENELLA.


Elle lui peint le désordre de Naples.

MASANIELLO.

J’ai voulu, mais en vain, mettre un terme au carnage.

FENELLA.


Elle lui représente, par ses gestes, les horreurs auxquelles la ville est livrée, le pillage, le meurtre, l’incendie.

MASANIELLO.

Oui, des torches en feu dévorant les palais,