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GERTRUDE, bas à Gianetta.

Redoublez de prudence, je vais parler à Scaramella et je reviens… (S’approchant du cardinal et lui présentan Guimbardini.) Monseigneur, voilà…


(Elle fait signe à Guimbardini de s’approcher, et sort.)
LE CARDINAL, à Guimbardini.

Asseyez-vous, signor… là… (lui montrant un fauteuil du côté opposé à la table.) Nous sommes à vous tout-à-l’heure.

GUIMBARDINI, s’incline, et va s’asseoir, pendant que les trois autres continuent à manger.
(À part.)

J’ai cru qu’il allait m’inviter. (Le regardant.) Sont-ils heureux, ces gens-là ! se voir dans un bon fauteuil, près d’une bonne table… toutes les douceurs de la vie ; il n’est pas difficile comme cela, d’avoir du génie… (Montrant une bouteille qui est sur la petits table à gauche.) Je suis sûr qu’il y en a dans cette bouteille de lacryma Christi ! J’y puiserais deux ou trois cavatines, et autant de requiem… (Regardant l’autre table.) Et dans cet immense pâté… que de choses j’y trouverais ! Mais le génie qui est à jeun est bientôt à sec. Dieu ! comme ils mangent !… Je crois qu’ils m’ont oublié.

LE CARDINAL, tendant son verre.

À boire.

GUIMBARDINI, prenant vivement une bouteille qui est près de lui, va et verse à boire au cardinal.

Voici.

LE CARDINAL.

Quoi ! vous-même, maestro !… c’est trop de bonté. Quel est votre nom !