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si galant, que je voulus absolument partir ; il ne le voulait pas, et il avait un air si malheureux… il me suppliait avec tant d’instance de rester encore un jour, que cela me faisait de la peine ; un pauvre jeune homme qui est à vos pieds, et qui pleure !… si vous saviez comme c’est terrible.

GERTRUDE.

Je le sais, signora. (se reprenant.) Je l’ai su du moins.

GIANETTA.

Et ne sachant comment faire pour lui résister, craignant de ne pas en avoir le courage, je m’échappai la nuit, et sans l’en prévenir, par une petite porte du parc dont j’avais pris la clé. Mais, en arrivant à Rome, j’avais épuisé ma dernière pièce de monnaie, et je me trouvai seule, sans ressource, et ne connaissant personne.

GERTRUDE.

Pauvre jeune fille !

GIANETTA.

L’hôtesse chez laquelle j’étais entrée, sans savoir comment je la paierais, me demanda ce que je comptais faire. Je lui répondis que j’avais une belle voix, que j’étais musicienne, et qu’en m’adressant au maître de Chapelle de sa sainteté, peut-être m’admettrait-il dans la musique particulière ; mais jugez de mon désespoir ! elle m’apprit qu’aucune cantatrice ne pouvait se faire entendre devant le pape et les cardinaux.

GERTRUDE.

C’est vrai.