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queurs, car c’était en chassant dans la montagne qu’ils avaient tiré ces deux coups de fusil, qui avaient fait prendre le mors aux dents à mon cheval.

GERTRUDE.

Et à votre mari.

GIANETTA.

Précisément ! Et jugez de leur surprise, en me voyant la nuit, seule, dans cette voiture, et en habit de mariée. À ma prière, on alluma des flambeaux, on parcourut la montagne, on battit les bois dans tous les sens, point de nouvelles de mon mari ! impossible de le retrouver ; et l’un de ces jeunes gens qu’on appelait monseigneur, et qui avait l’air de commander aux autres, m’offrit de me conduire jusqu’à la prochaine villa. Il était minuit, et dans ce bois j’avais froid, j’avais peur, et j’acceptai ; nous arrivâmes à une maison de campagne délicieuse, c’était la sienne !

GERTRUDE.

Ah ! ah !…

GIANETTA.

On me donna l’appartement de sa sœur ; des tentures, des tableaux magnifiques !… Moi qui sortais de mon village, je n’avais jamais rien vu de si beau ; des femmes s’empressèrent de me servir, de prévenir tous mes vœux ; et puis le prince, c’était un prince italien, était pour moi si soumis, si respectueux, que je ne pensais plus à avoir peur, je ne pensais plus à rien.

GERTRUDE.

Qu’à votre mari.

GIANETTA.

Oh ! toujours !… Mais le prince devenait si aimable,