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orpheline, je n’avais de ressource qu’une assez belle voix, à ce que tout le monde disait. Un musicien qui m’avait donné des leçons, me proposa de m’épouser ; et le matin même de notre mariage, nous quittâmes le pays, et nous partîmes ensemble dans un petit voiturin qu’il avait loué. Nous traversions les campagnes de Naples, le jour tombait, et nous approchions de l’endroit où nous devions coucher ; mon mari et le conducteur montaient une côte à pied, et s’entretenaient d’histoires de brigands, lorsque près de nous partent deux coups de fusil : le conducteur se précipite à travers champs ; mon mari en fait autant, sans réfléchir, sans, penser à moi, qui étais restée dans la voiture !… et le cheval, effrayé par le bruit et surtout par mes cris, m’emporte au grand galop, et sans s’arrêter, à plus d’une demi-lieue.

GERTRUDE.

Dieu ! que j’aurais eu peur !

GIANETTA.

Pas plus que moi. Et ce qui redoublait encore mon effroi, c’est que j’entendais derrière la voiture les pas de plusieurs personnes qui me poursuivaient, et qui saisirent enfin la bride du cheval ; ils étaient deux, à pied, et armés de fusils.

GERTRUDE.

Ah ! les infâmes brigands !

GIANETTA.

Du tout, c’étaient des jeunes gens… de très jolies figures… des manières très distinguées ; ils furent rejoints un instant après par une meute et par des pi-