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CAROLINE.

Oui, une vraie déclaration. Je ne sais ce que j’en ai fait, je l’ai perdue ; sans cela je te la montrerais. Et vois jusqu’où la colère peut nous mener : moi, qui jusqu’à présent l’avais dédaigné, maltraité, j’étais si fâchée contre toi, que je ne sais vraiment…

DENNEVILLE, à part.

Dieu ! il était temps.

CAROLINE.

Et le plus indigne, c’est que je t’accusais à tort.


Air de Téniers.

Moi t’accuser ! est-ce possible ?
Pardonne-moi, je souffrais tant !
Car je songeais à cette lettre horrible,
Qui ne m’a pas quittée un seul instant.
Je l’emportais à ce bal qui s’apprête.
Comme un tourment, elle est là sur mon sein.

(la lui donnant.)

Tiens. Tu le vois, sous les habits de fête,
Il est souvent bien du chagrin.

DENNEVILLE, la prenant.

Ma lettre à Edmond.

CAROLINE.

Oui, voilà ce qui m’avait abusée. Ces diamans, ce tête-à-tête avec une jolie femme… je ne pouvais pas penser à moi, et je te soupçonnais, quand je suis seule coupable.

DENNEVILLE, essuyant une larme.

Pauvre femme ! (avec chaleur.) Non, Caroline, non : tu sauras tout : c’est moi…