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GERVAULT.

Ce n’est rien à recevoir ; mais quand il faut payer, ça fait bien de l’argent.

DENNEVILLE.

Je réparerai cela avec quelques économies. (Il serre l’écrin dans le tiroir de son bureau.) J’ai deux chevaux anglais, que je veux vendre. (Venant auprès de Gervault.) Surtout du silence.

GERVAULT.

Vous pouvez être tranquille. Mais voilà ce qui me désole, monsieur ; quand il y a dans un ménage le chapitre des dépenses secrètes, quand elles ne sont point tenues ostensiblement, et à parties doubles, cela va toujours mal.

DENNEVILLE.

Quelle idée !

GERVAULT.

Tenez, monsieur, voilà quarante ans que j’ai épousé madame Gervault. Elle n’était pas aimable tous les jours, vous le savez ; mais c’est égal, je lui ai toujours été fidèle, sinon pour elle, du moins pour moi. Quand monsieur trompe madame, madame trompe monsieur. L’un va de son côté, l’autre va du sien. Il n’y a plus unité d’intérêts, ni de dépense ; il n’y a plus d’accord, plus d’ordre et de bonheur. À qui la faute ? À celui des deux qui a commencé ; car, dans un ménage, dès qu’un et un font trois, on ne peut plus se retrouver.