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Ô siècle heureux ! siècle étonnant !
Où le savoir avec l’esprit s’accorde,
Où nous voyons enfin à l’unisson
les jeunes gens et la raison,
Les procureurs et la concorde.


À moitié prix, c’est très-bien ; mais vous m’avouerez que sacrifier ainsi trente mille francs…

DERVILLE.

C’est moi qui les perds ; c’est-à-dire moi et mes confrères : car notre part allait là.

FRANVAL.

Mais, vous qui parlez, monsieur, à ce train de vie là, vous devez vous ruiner ; car enfin, vous venez de faire là une mauvaise affaire.

DERVILLE.

C’est ce qui vous trompe ; car je viens d’acquérir votre estime, votre amitié et votre clientelle.

FRANVAL.

Ma clientelle !

DERVILLE.

Oui, monsieur. Vous êtes négociant, vous avez des procès ou vous en aurez, de ces procès qu’on ne peut pas éviter ; vous viendrez à moi, j’en suis sûr : vous me donnerez votre confiance, ou plutôt, tenez, je lis dans vos yeux ; je l’ai déjà !

FRANVAL, lui donnant une poignée demain.

Oui, monsieur, vous l’avez ; et j’aime mieux vous en croire vous-même que tous les rapports qu’on a pu me faire.

DERVILLE.

Vous avez raison : nous valons mieux que notre