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DORMEUIL.

Que ne le disais-tu donc plus tôt ? Maintenant, réfléchis au scandale d’une pareille rupture, un mariage publié, et qui doit se célébrer demain : nous nous ferions des ennemis irréconciliables de toute cette famille de Frédéric, qui est puissante dans la province. Et d’ailleurs, puisque ; tu n’aimes pas Gustave…

CÉCILE.

Moi, non certainement, je ne l’aime pas.

DORMEUIL.

Et puis le temps, l’absence… Gustave habite Paris, nous, cette terre au fond de l’Auvergne : il n’y a pas apparence que jamais vous puissiez vous rencontrer.

CÉCILE.

Oh ! je l’espère bien ; car sa seule présence me causerait une indignation dont je ne serais pas maîtresse.

DORMEUIL.

Rassure-toi : tu n’as rien à craindre.


AIR : Femmes, voulez-vous éprouver.

Tu triompheras d’un penchant
Dont ton cœur eût été victime ;
Va, crois-moi, le plus tendre amant
Ne vaut pas l’époux qu’on estime.
Chez l’un, l’amour fuit sans retour,
Quand, chez l’autre, il se fortifie ;
L’amour est le plaisir d’un jour,
L’hymen le bonheur de la vie.

En attendant, promets-moi de prendre un peu plus sur toi-même. Depuis quelque temps, je te trouve changée… Un jour de noce on a besoin d’être jolie…