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lorsque je t’en ai parlé, à peine si tu as daigné m’écouter, et tu as rejeté ma proposition, avec un dédain…

CÉCILE.

Sans doute : parce que c’était le lendemain du bal… de ce bal où il avait dansé toute la soirée avec mademoiselle de Fierville, sans daigner seulement m’adresser la parole. Il est vrai que de mon côté je ne l’ai pas regardé, et que j’ai toujours dansé avec Frédéric ; que je lui ai donné mes gants, mon éventail ; que je l’accablais de marques d’amitié : car j’étais d’une humeur… C’est depuis ce jour-là qu’il m’a adorée. Je vous demande s’il y a de ma faute ? Le lendemain, M. Gustave a été encore plus assidu auprès de sa nouvelle conquête : il ne l’a pas quittée d’un seul instant, et j’ai cru voir, j’ai vu, j’en suis certaine, qu’il lui serrait la main ; dans ce moment Frédéric me faisait une déclaration. J’avoue que je ne sais pas ce que je lui ai répondu : il m’a assuré depuis que je lui avais dit que je l’aimais. Cela se peut bien : j’étais si en colère ! et depuis ce moment je n’ai plus revu M. Gustave.


AIR : Qu’il est flatteur d’épouser celle.

Alors, par un destin prospère,
Comme époux, un autre s’offrit,
De vous je l’acceptai, mon père,
Afin que Gustave l’apprît.
Ma destinée était affreuse,
Je pleurais, mais j’étais enfin
Contente d’être malheureuse,
Pourvu qu’il en eût du chagrin.