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ALFRED.

Ma foi, signor Crescendo, je trouve bien étonnant que l’amour de la composition vous ait fait tout-à-fait oublier vos anciennes fonctions.

CRESCENDO.

Non pas. Je me rappelle, j’ai été chef d’orchestre à Turin et maître de chapelle à Florence ; mais l’intrigue, la cabale, Bah ! à quoi bon-les places ? Vive le vrai compositor ! l’artiste indépendant qui n’obéit qu’à son génie.


Air du vaudeville du Jaloux malade.

Quel art plus noble et plus sublime !
Qui sait chanter doit tout savoir :
La nature à sa voix, s’anime,
Et tout reconnaît son pouvoir.
Les morts s’élancent de l’Érèbe ;
Et ce fut jadis un rondo
Qui fit bâtir les murs de Thèbe
Et tomber ceux de Jéricho.

ALFRED.

Ah ! ah ! ma foi, il est très amusant.

CRESCENDO.

À propos de cela, mon prince…

ALFRED.

Me voilà prince, à présent.

CRESCENDO.

J’oubliais de vous chanter mon grand air :

Crudel tyran… ah ! ah ! ah !

Mettez-vous dans la situation. C’est le jeune héros qui marche au supplice, et qui, avant de monter à l’échafaud, commence en mi bémol…