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dans un séjour semblable. Parbleu ! vous devriez bien me permettre de m’y établir.

LE BARON.

Y pensez-vous ? nous n’avons ici que des gens dont la tête…

ALFRED.

Eh bien ! justement : je vous jure que je n’y serais ; pas plus déplacé que beaucoup d’autres.

LE BARON.

Auriez-vous par hasard quelques chagrins ?

ALFRED.

C’est selon, voyez-vous ; si j’y pensais, j’en aurais, de très grands… Tel que vous me voyez, je suis, marié ; vous ne vous en douteriez pas, ni moi non plus. Une femme charmante qui m’aurait fait mourir de douleur, si je n’y avais pris garde.

LE BARON.

Vraiment ! et où est-elle en ce moment ?

ALFRED.

Vous allez rire ; vrai, je n’en sais rien. Je présume cependant qu’elle est à Paris, au milieu des plaisirs et des adorateurs ; nous sommes brouillés, à mort. Une légèreté, un caprice, ce serait trop long à vous raconter. D’ailleurs, tout est fini ; je l’ai juré !

LE BARON.

Vous l’avez juré !

ALFRED.

Oui, monsieur. Cependant j’ai fait les avances ; j’ai écrit, on ne m’a pas répondu, ma conscience est tranquille.