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aurait tout sacrifié au bonheur de passer son régiment en revue !

LE BARON.

Vrai ? Eh bien ! il me semble impossible qu’un homme comme celui-là ne soit pas charmant.

AMÉLIE.

En vérité, mon oncle, vous me donneriez de l’humeur !

LE BARON.

Non ; mais avec un tel caractère, on doit être gai, franc, incapable de tromper ; on doit aimer sa femme, et quoique tu en dises, il faut qu’il y ait un peu de ta faute, et tu ne m’as pas tout avoué.

AMÉLIE.

Moi, mon oncle ! Grand dieu ! si on peut dire… Soyez notre juge : on nous maria ; il disait qu’il m’aimait, je voulus bien le croire : ils le disent tous, et l’on est convenu de ne pas disputer là dessus. Pendant huit jours, je dois pourtant lui rendre cette justice, il parut beaucoup plus occupé de moi que de ses chevaux, et même de son uniforme ! Il fallut partir pour une mission importante ; il en fut désolé, rien n’égala sa douleur ; moi-même, par compassion, je daignai en être touchée ! Au bout de huit jours, il devait m’écrire, quinze se passent ! Enfin la lettre arrive : elle a été retardée par une foule d’événemens plus ou moins extraordinaires ; vous sentez qu’on n’est pas dupe de tout cela. Je réponds très froidement. On me récrit, mais d’un ton, vous en auriez été indigné ! Je ne réponds pas, comme vous vous en doutez bien : j’attends