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piquillo alliaga.


Il lui fit signe d’enlever la comtesse.
étais autrefois. Avec ce costume et ces ornements religieux, ce n’est plus toi, ce n’est plus l’amie et la compagne de mon enfance. Écoute, Carmen, il faut avoir quelque indulgence pour les fantaisies ou les caprices d’une pauvre malade. Sais-tu ce que je désire ardemment, ce qui me ferait un grand plaisir ? ce serait de te voir encore une fois comme aux jours où, dans les jardins et les salons de don Juan d’Aguilar, nous étions habillées de même. Un seul instant encore rends-moi Carmen, rends-moi ma sœur.

Tu y consens ? dit-elle, en voyant la jeune fille baisser la tête en signe d’assentiment.

Un dernier éclair de joie brilla dans les yeux d’Aïxa.

— Vite ! dit-elle, Juanita, Lolla, prenez mes plus fraîches, mes plus riantes parures. Autrefois, ma sœur, mes robes t’allaient si bien… Tiens, celle-ci que je préfère… ces robes blanches… ces dentelles… et ces perles. Hâtez-vous, hâtez-vous !

— Eh mais ! dit Carmen avec un sourire mélancolique, et pendant que ses deux femmes de chambre s’empressaient autour d’elle, on dirait d’une robe de mariée.

Contemplant Carmen avec les yeux d’une sœur, ah ! mieux encore, avec l’œil d’une mère, Aïxa s’écria :

— Que tu es bien ainsi ! que tu es belle ! Je te revois, je te retrouve, et avec toi tout le bonheur et les rêves de ma jeunesse ! Lolla, va chercher Yézid ; Juanita, amène-moi Piquillo… et puis… un autre encore.

Elle ne prononça pas son nom.

— Que veux-tu faire et qu’est-ce que cela signifie ? s’écria Carmen se voyant seule avec Aïxa.

— Écoute, ma sœur, approche-toi bien près de mes lèvres, car je me sens épuisée et je crains que tu puisses à peine m’entendre. J’ai un aveu à te faire. Nous étions bien à plaindre, Fernand et moi ; quoiqu’il voulût m’épouser, il pensait sans cesse à toi, il t’aimait et te regrettait toujours.

— En vérité ! s’écria Carmen avec un cri de joie qu’elle ne put retenir.

— Il me l’a dit, il me l’a avoué à moi-même ; je ne