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piquillo alliaga.
Diégo les rassura, et se couchant à plat ventre au bord du cratère de cette espèce de volcan.


LXXIII.

le portefeuille du grand inquisiteur.

Le grand inquisiteur était pâle et ne marchait point d’un pas très-ferme. Les discours qu’il avait entendus, en traversant le camp des Maures, n’avaient, pour lui, rien de rassurant.

À la seule vue de sa robe de moine, chacun voulait le massacrer, et Alhamar-Abouhadjad, son guide et son protecteur, le défendait d’une manière qui l’effrayait beaucoup.

— Vous voulez le tuer, disait-il froidement aux assaillants, on ne vous en empêche pas et on ne vous dit pas le contraire ; mais, auparavant, il faut que le général l’interroge.

Quelques pas plus loin, d’autres criaient encore :

— Mort au moine !

— Un peu de patience, répétait Abouhadjad, attendez seulement que le général lui ait parlé.

Sandoval n’était donc pas pressé d’avoir son entretien avec Yézid, et le trouble qu’il éprouvait en entrant dans la tente l’empêcha d’abord de voir frey Alliaga, qui se tenait à l’écart.

Un autre incident, d’ailleurs, attira bientôt son attention.

— Vous le voyez, s’écria Pedralvi, le Dieu de nos pères approuve et bénit mon serment, puisqu’il vient me livrer ma première victime.

Et avant que Yézid eût pu l’arrêter, il s’élança sur Sandoval, qu’il saisit par sa robe.

— Bourreau de mes frères, ton arrêt est porté et je viens l’exécuter !

De l’autre main, et d’un mouvement aussi prompt que la pensée, il tira son poignard et frappa. Mais Alliaga, qui était derrière le grand inquisiteur, se précipita au-devant du coup et le para avec son bras. Le sang jaillit à l’instant, et Yézid poussa un cri de terreur.