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piquillo alliaga.

sons ! combinaison douteuse ailleurs et qui, ici, était immanquable ; on avait spéculé sur l’honneur et la vertu ! Piquillo devait en être dupe.

Mon révérend, dit le jeune titulaire, c’est supérieur… je viens de la part du roi.

Tout s’apprêta pour la cérémonie ; mais pour des raisons que l’on devine aisément, au lieu de donner un grand éclat à leur triomphe, au lieu de compléter par la publicité la défaite de l’archevêque de Valence, les bons pères, par une affectation de modestie et d’humilité chrétienne, dont ils comptaient bien se dédommager plus tard, voulurent que tout se passât sans bruit et sans faste, entre eux, dans l’intérieur du couvent, et sans appeler à cette solennité les fidèles du dehors.

Pour Piquillo, nous l’avons dit, il avait demandé à ne voir personne.

Il pleurait et il priait !

Le frère Escobar vint frapper doucement à la porte de sa cellule. Piquillo n’ouvrit pas.

— Mon frère, dit le prieur, le révérend père Jérôme m’envoie vous demander si vous consentez à ce que la cérémonie ait lieu d’aujourd’hui en quinze ?

— Le plus tôt possible, mon frère, répondit Piquillo d’une voix tremblante.

— La volonté de Dieu soit faite et la vôtre aussi, mon frère ! dit Escobar ; ce sera donc pour dans huit jours, le jour de la Saint-Louis.

Piquillo ne répondit point.

— Qui ne dit mot consent, pensa Escobar, et il descendit annoncer au révérend père Jérôme que le novice avait lui-même choisi le jour de la Saint-Louis pour recevoir le baptême et prononcer des vœux éternels !


XLII.

intrigues de cour.

Le duc de Lerma, en apprenant du corrégidor de Tolède la mort du duc de Santarem, avait été furieux et désolé. Cette mort renversait tous ses projets. En faisant épouser Aïxa au duc, il avait un mari à sa dé-