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il fallait accueillir avec faveur son envoyé… Lui avez-vous dit cela ?

ABIG., d’un air distrait. Je crois que oui… je n’en suis pas sûre !… un autre sujet m’occupait.

BOL. C’est juste… voyons cet autre sujet.

ABIG. Ce matin, vous m’avez vu effrayée, désespérée, en apprenant que la duchesse avait des idées… de… protection sur Arthur… Eh bien ! ce n’était rien !… une autre encore… une autre grande dame… (Avec embarras.) dont je ne puis dire le nom.

BOL., à part. Pauvre enfant !… elle croit me l’apprendre. (Haut.) Comment le savez-vous ?

ABIG. C’est un secret que je ne puis trahir… ne me le demandez plus !

BOL., avec intention. J’approuve votre discrétion, et ne chercherai même pas à deviner. Et cette personne… duchesse ou marquise, aime aussi Masham !

ABIG. C’est bien mal, n’est-ce pas ? c’est bien injuste ! Elles ont toutes des princes, des ducs, des grands seigneurs qui les aiment… moi je n’avais que celui-là… Et comment le défendre, moi, pauvre fille ! comment le disputer à deux grandes dames ?

BOL. Tant mieux !… c’est moins redoutable qu’une seule…

ABIG., étonnée. Si vous pouvez me prouver cela ?

BOL. Très facilement… Qu’un grand royaume veuille conquérir une petite province, il n’y a pas d’obstacles, elle est perdue ! Mais