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Ah ! je devine sans peine !… et il m’est aisé de voir à quelle influence Votre Majesté cède en ce moment !

LA REINE, cherchant à se contenir. Que voulez-vous dire ?… et quelle influence ? Je n’en connais aucune… je ne cède qu’à la voix de la raison, de la justice et du bien public…

BOL., debout près de la table et à droite de la reine. Nous le savons tous !…

LA REINE. On peut empêcher la vérité d’arriver jusqu’à moi… mais dès qu’elle m’est connue… dès qu’il s’agit des intérêts de l’État… je n’hésite plus !

BOL. C’est parler en reine…

LA REINE, s’animant. Il est évident ne la prise de Bouchain coûte sept millions de livres sterling à l’Angleterre…

LA DUCH. Madame !…

LA REINE, s’animant de plus en plus. Tout calculé… il est constant qu’à la bataille de Hochstett, ou de Malplaquet, nous avons perdu trente mille combattants.

LA DUCH. Mais, permettez…

LA REINE, se levant. Et vous voulez que je signe une lettre pareille, que je prenne une mesure aussi importante, aussi grave… avant de connaître au juste… et de savoir par moi-même ?… Non, madame la duchesse… je ne veux pas servir des desseins ambitieux… ou d’autres ! et je ne leur sacrifierai pas les intérêts de l’État.

LA DUCH. Un mot seulement…

LA REINE. Je ne puis… Voici l’heure de nous rendre à la chapelle… (À Abigaïl qui vient de