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c’est fini… ils se trompent bien… grâce à cette ordonnance, j’arrêterai plutôt toute l’Angleterre… (Se retournant vers Abigaïl qui, se soutenant à peine, s’appuie sur un fauteuil à gauche.) Ah ! mon Dieu !… qu’avez-vous donc ?

ABIG. Ce que j’ai !… vous venez de nous perdre.

BOL. Comment cela ?

ABIG. Ce coupable que vous avez dénoncé à la vengeance du peuple et de la cour… celui que vous êtes chargé de poursuivre… d’arrêter… de faire condamner…

BOL. Eh bien !…

ABIG. Eh bien… c’est Arthur.

BOL. Quoi ? ce duel… cette rencontre.

ABIG. C’était avec lord Bolingbroke votre cousin, qu’il ne connaissait pas… mais qui, depuis longtemps l’avait insulté.

BOL., poussant un cri. J’y suis !… l’homme à la chiquenaude… Oui, ma chère, une véritable chiquenaude… c’est elle qui a été la cause de tout, d’un duel, d’une émeute… du superbe discours que je viens de prononcer… et plus encore d’une ordonnance royale.

ABIG. Qui vous prescrit de l’arrêter.

BOL., vivement. L’arrêter !… Allons donc ! Celui à qui je dois tout, un rang, un titre et des millions ! non… non… je ne suis pas assez ingrat, assez grand seigneur pour cela. (Prenant l’ordonnance qu’il veut déchirer.) Et plutôt morbleu… (S’arrêtant.) Ô ciel… et tout un parti qui compte sur moi… et l’opposition entière que j’ai déchaînée contre ce malheureux