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Scène II.

Les MÊMES, THOMPSON, ABIGAÏL.

THOMPSON. Miss Abigaïl Churchill !

LA DUCH., à part, et s’éloignant. Ô ciel !

LA REINE, avec embarras. Au moment même où nous en parlions… c’est un singulier hasard.

ABIG. Votre Majesté m’a ordonné de me rendre auprès d’elle.

LA REINE. C’est-à-dire… ordonné… j’ai dit que je désirais… J’ai dit : Voyons si cette jeune personne…

LA DUCH. C’est juste… il faut bien que Votre Majesté la voie, pour lui annoncer que sa demande ne peut être admise.

ABIG. Ma demande… je n’aurais jamais osé… c’est Sa Majesté qui d’elle-même… et dans sa bonté… a daigné me proposer…

LA REINE. C’est vrai !… mais des raisons majeures… des considérations politiques…

ABIG., souriant. Pour moi !…

LA REINE. M’obligent à regret… à renoncer à un rêve que j’aurais été heureuse… de réaliser… Ce n’est plus moi… c’est madame la duchesse votre parente… qui désormais se charge de votre sort… Elle m’a promis pour vous… loin de Londres… une position honorable… (Avec dignité, passant près de la duchesse et prenant le milieu du théâtre.) et j’y compte…

ABIG., à part. Ô ciel !

LA DUCH. Je m’en occuperai, dès aujourd’hui… (À Abigaïl.) Attendez-moi, je vous