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MASH. C’est très singulier…

BOL. Et ce papier, peut-on le voir ?

ABIG., le lui donnant. Certainement !…

BOL., souriant. Ah ! ah ! rien qu’à sa bonté, je l’aurais deviné. (à Abigaïl.) Ce mot a été écrit devant vous, par votre nouvelle protectrice ?…

ABIG. Oui vraiment… Est-ce que, par hasard, vous connaîtriez cette écriture ?

BOL., froidement. Oui, mon enfant… c’est celle de la reine.

ABIG., avec joie. La reine !… est-il possible ?

MASH., de même. La reine vous donne une place auprès d’elle… et sa protection !… et son amitié !… voilà votre fortune assurée à jamais !

BOL., passant entre eux deux. Attendez, mes amis, attendez… ne vous réjouissez pas trop d’avance !

ABIG. C’est la reine qui l’a dit, et une reine est maîtresse chez elle !

BOL. Pas celle-là… Douce et bonne par caractère, mais faible et indécise, n’osant prendre un parti sans prendre l’avis de ceux qui l’entourent, elle devait nécessairement se laisser subjuguer par ses conseillers et ses favoris, et il s’est trouvé près d’elle une femme à l’esprit ferme, résolu et audacieux, au coup d’œil juste et prompt, qui vise toujours droit et haut !… c’est lady Churchill, duchesse de Marlborough, plus grand général que son mari lui-même, plus adroite qu’il n’est vaillant, plus ambitieuse qu’il n’est avare, plus reine enfin