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MASH. Et qui vous rend encore plus jolie, si c’est possible.

ABIG. Voilà pourquoi j’avais tant de peine à me décider… Enfin j’étais résolue… lorsque hier au soir, une voiture s’arrête à la porte, une dame en descend, c’était milady… « Bien des affaires trop longues à m’expliquer l’avaient retenue… et puis elle ne pouvait sortir de chez elle à sa volonté et elle tenait cependant à venir elle-même s’acquitter… » Tout en parlant elle avait remarqué que j’avais encore des larmes dans les yeux, quoique je me fusse hâtée de les essuyer à son arrivée. Il fallut bien alors lui raconter et ma détresse, et ma position, et l’embarras où je me trouvais… elle avait tant de bonté… et moi tant de chagrin ! Enfin je lui parlai de tout, excepté de M. Masham… et quand elle sut que je voulais, ce matin, me présenter chez la duchesse de Northumberland… c’est elle qui me dit : N’y allez pas, Vous seriez trop malheureuse… d’ailleurs la place est donnée… Mais moi, mon enfant, je tiens dans le monde et à la cour une maison assez considérable… où, par malheur, je ne suis pas toujours la maîtresse… n’importe, je vous y offre une place… voulez-vous l’accepter ?… Et je me jetai dans ses bras en lui disant : Disposez de moi et de ma vie… je ne vous quitterai plus, je partagerai vos peines et vos chagrins… — C’est bien, me dit-elle avec émotion ; présentez-vous demain au palais, et demandez la dame dont je vous dorme le nom. — Elle écrivit alors sur le comptoir deux mots que j’ai pris, que j’ai là et me voici…