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Scène III.

Les MÊMES, ABIGAÏL.

ABIG. M. de Saint-Jean ! (Elle se retourne vers Masham à qui elle tend la main.)

BOL. Lui-même, ma chère enfant ; et il faut que vous soyez née sous une heureuse étoile !… la première fois que vous venez à la cour, y trouver deux amis !… rencontre bien rare en ce pays !…

ABIG., gaîment. Oui, vous avez raison, j’ai du bonheur !… surtout aujourd’hui…

MASH. Vous voilà donc décidée à vous présenter chez la duchesse de Northumberland ?

ABIG. Vous ne savez pas ! j’ai appris que la place était donnée…

MASH. Et vous êtes si joyeuse ?

ABIG. C’est que j’en ai une autre !… plus agréable, je crois… et que je dois…

MASH. À qui donc ?

ABIG. Au hasard.

BOL. Cela vaut mieux !… c’est le plus commode et le moins exigeant des protecteurs.

ABIG. Imaginez-vous que parmi les belles dames qui fréquentaient les magasins de M. Tomwood, il y en avait une fort aimable, fort gracieuse, qui s’adressait toujours à moi, pour acheter… or, en achetant des diamants… on cause.

BOL. Et miss Abigaïl cause très bien…

ABIG. Il me semblait que cette dame n’était pas très heureuse dans son ménage… qu’elle était esclave dans son intérieur, car elle me répétait souvent avec un soupir… Ah ! ma petite Abigaïl,