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pour un ancien page de la reine et pour un nouvel officier dans les gardes, vous êtes d’une innocence biblique.

MASH. Comment cela ?

BOL., de même. C’est que ce protecteur inconnu, est une protectrice…

MASH. Quelle idée !

BOL. Quelque grande dame, qui vous porte intérêt…

MASH. Non, monsieur… non, cela n’est pas possible !

BOL. Qu’y aurait-il d’étonnant ?… La reine Anne, notre charmante souveraine, est une personne fort respectable et fort sage, qui s’ennuie royalement… je veux dire autant que possible… mais à sa cour, on s’amuse beaucoup !… toutes nos ladys ont de petits protégés, de jeunes officiers fort aimables, qui, sans quitter le palais de Saint-James, arrivent à des grades supérieurs.

MASH. Monsieur !…

BOL. Fortune d’autant plus flatteuse qu’elle n’est due qu’au mérite personnel.

MASH. Ah ! c’est une indignité… et si je savais…

BOL., allant s’asseoir près de la table à gauche. Après cela… je peux me tromper, et si réellement c’est quelque grand seigneur ami de votre père… laissez venir les événements… laissez-vous faire ! Ah ! si on vous ordonnait de vous marier… je ne dis pas… mais on vous le défend… il est clair que ce n’est pas un ennemi… au contraire… et lui obéir n’est pas si difficile…