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BOL. Non… car la force brutale et matérielle, les succès, emportés à coups de canon étourdissent tellement le vulgaire, qu’il ne lui vient jamais à l’idée qu’un général vainqueur puisse être un sot, un tyran ou un fripon… et lord Marlborough en est un ! je le prouverai… je le montrerai glissant furtivement sa main victorieuse dans les coffres de l’état.

MASH. Ah ! vous ne direz pas cela…

BOL. Je l’ai écrit… je l’ai signé… l’article est là… il paraîtra aujourd’hui… je le répèterai demain, après-demain… tous les jours… et il y a une voix qui finit toujours par se faire entendre, une voix qui parle encore plus haut que les clairons et les tambours… celle de la vérité !… Mais pardon… je me croyais au parlement, et je vous fais subir un cours de politique, à vous, mon jeune ami, qui avez bien d’autres rêves en tête… des rêves de fortune et d’amour.

MASH. Qui vous l’a dit ?

BOL. Vous-même !… Je vous crois très discret quand vous êtes éveillé ; mais je vous préviens qu’en dormant vous ne l’êtes pas.

MASH. Est-il possible ?

BOL. Je vous ai entendu vous féliciter en rêve de votre fortune, et vous pouvez me nommer sans crainte la grande dame à qui vous la devez.

MASH. Moi ?

BOL. À moins que ce ne soit la mienne !… auquel cas je ne vous demande rien !… je comprendrai…

MASH. Vous êtes dans l’erreur ! je ne connais