mais la colère et l’orgueil contractaient tous ses traits !
LA REINE, souriant. Je le crois sans peine ! car le message, dont je t’ai chargée près d’elle lui désignait d’avance celle qui désormais allait la remplacer.
ABIG., étonnée. Que dites-vous ?
LA REINE. Oui, Abigaïl, oui, tu seras tout pour moi… ma confidente, mon amie. Oh ! ce sera ainsi ! car d’aujourd’hui je commande, je règne !… Achève ton récit… Tu crois donc que la duchesse est furieuse ?
ABIG. J’en suis sûre ! car en descendant le grand escalier elle a dit à la duchesse de Norfolk qui lui donnait le bras… (C’est miss Price qui l’a entendu, et miss Price est une personne en qui l’on eut avoir confiance.) Elle a dit : « Quand je devrais me perdre, je déshonorerai la reine !… »
LA REINE. Ô ciel !
ABIG. Et puis elle a ajouté : « Il vient de m’arriver d’importantes nouvelles dont je profiterai… » Mais elles se sont éloignées, et miss Price n’a pu en entendre davantage !
LA REINE. De quelles nouvelles voulait-elle parler ?
ABIG. De nouvelles importantes !
LA REINE. Qu’elle vient d’apprendre !…
ABIG. Peut-être de nouvelles politiques…
LA REINE. Ou plutôt cette entrevue que nous avions projetée pour hier au soir ?
ABIG. Où est le mal ?
LA REINE. À coup sûr !… car hier si je désirais et devant toi interroger Masham… c’était