Scène VIII.
Ça ne fera pas mal !… je ne serai pas fâché de savoir ce que j’ai à faire… car tout retombe sur moi, et je ne sais auquel entendre. Maître, où faut-il aller ?… maître, qu’est-ce qu’il faut dire ?… maître, qu’est-ce qu’il faut faire ?… Est-ce que je sais ?… je leur réponds toujours : Attendez !… on ne risque rien d’attendre… il peut arriver des idées… tandis qu’en se pressant.
Scène IX.
Eh bien ?
Cela va mal… tout est tranquille !
Les rues sont désertes, les boutiques sont fermées, les ouvriers que nous avons envoyés ont eu beau crier : Vive Burkenstaff ! personne n’a répondu !…
Personne !… c’est inconcevable !… des gens qui m’adoraient hier !… qui me portaient en triomphe… et aujourd’hui ils restent chez eux !
Et le moyen de sortir ? Il y a des soldats dans toutes les rues.
Vraiment !
Les portes de nos ateliers sont gardées par des piquets de cavalerie.
Ah ! mon Dieu !
Et ceux des ouvriers qui ont voulu se montrer ont été arrêtés à l’instant même.
Voilà qui est bien différent. Écoutez donc, mes enfants, je ne savais pas cela. Je dirai à la reine-mère : Madame, j’en suis bien fâché ; mais à l’impossible nul n’est tenu, et je crois que ce que nous avons de mieux à faire est de retourner chacun chez nous.
Ce n’est plus possible, notre maison est envahie ; des trabans de la garde y sont casernes ; ils mettent tout au pillage ; et si vous y paraissiez maintenant, il y a ordre de vous saisir et peut-être pire encore.
Mais ça n’a pas de nom ! c’est épouvantable ! c’est d’un arbitraire !… Et où nous cacher maintenant ?
Nous cacher ! quand mon fils est en danger, quand on dit qu’il vient d’être condamné !
Est-il possible !
C’est vous qui l’avez voulu ; et maintenant que nous y sommes, c’est à vous de nous en retirer ; il faut agir : décidez quelque chose.
Je ne demande pas mieux, mais quoi ?
Les ouvriers du port, les matelots norwégiens sont en liberté ; ceux-là ne reculeront pas ; et en leur donnant de l’argent.
Il a raison !… De l’or ! de l’or ! tout ce que nous avons !
Permets donc.
Vous hésiteriez ?
Du tout ; je ne dis pas non, mais je ne dit pas oui.
Et qu’est-ce que vous dites donc ?
Je dis qu’il faut attendre.
Attendre !… et qui vous empêche de prendre un parti ?
Vous êtes le chef du peuple.
Certainement, je suis le chef ! et on ne me dit rien, on ne me commande rien ; c’est inconcevable !
Scène X.
À monsieur Raton Burkenstaff, de la part de la reine.
De la reine ! c’est bien heureux ! (À l’huissier qui se retire.) Merci, mon ami. Voilà enfin ce que j’attendais pour agir !
Qu’est-ce donc ?
Silence ![1] Je ne vous le disais pas, je ne disais rien ; mais c’était convenu, concerté avec la reine ; nous avions notre plan.
C’est différent.
- ↑ Il traverse le théâtre et se place à gauche. — Raton, Marthe, Jean.