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BABABECK, vivement.

Que tu accordes !…

LE GRAND-MOGOL.

Non ! Les habitants de cette ville turbulente et rebelle ne méritent pas d’être gouvernés par un de mes ministres, et je rêve pour eux un changement dont la postérité gardera le souvenir. Approche ici.

BABABECK, s’avançant et se prosternant.

Que veut le roi des rois… et l’astre des…

KALIBOUL, achevant.

Astres…

LE GRAND-MOGOL, l’interrompant brusquement.

C’est bien !… Tu as vu tout à l’heure dans mon palanquin, sur un carreau d’or et de soie, couché à mes pieds… un superbe chien qui soudain s’est levé l’œil étincelant…

BABABECK.

Magnifique animal, qui a manqué faire à votre fidèle serviteur l’honneur de le dévorer.

LE GRAND-MOGOL.

Très-bien ! tu vas le promener dans mon palanquin par toute la ville de Lahore, et tu feras proclamer à son de trompe ces paroles : « Tel est, pour vous punir, le nouveau Kaïmakan que votre souverain maître vous donne. Que devant lui chacun se prosterne et lui obéisse désormais ! »

BABABECK.

Oui… roi des rois… astre des astres…

LE GRAND-MOGOL, l’interrompant.

Assez !… C’est toi, Bababeck, que je nomme son premier vizir, c’est toi que je charge de faire exécuter ponctuellement toutes ses volontés, quelles qu’elles soient… sinon… tu me connais… je te ferai empaler.

BABABECK.

Oui, roi des rois… astre des astres…