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MAÏMA.

Oui, mon père était un soldat, tué au service du Grand-Mogol, et il m’avait donné de l’éducation.

BALKIS, la regardant avec commisération.

Cela t’a bien avancée !… De l’éducation ! de la jeunesse ! de la gentillesse ! et pas encore d’amoureux !

MAÏMA, avec un soupir.

Je n’en ai plus.

BALKIS, gaiement.

Ah ! c’est bien différent, raconte-nous ça…

MAÏMA.

Je n’ai plus personne qui m’aime.

BALKIS.

Et moi ?

MAÏMA, lui prenant les mains.

Merci, ma bonne Balkis, mais vois-tu, dans la petite maison que mon père habitait aux portes de la ville, il m’avait laissée seule…

BALKIS.

Seule !…

MAÏMA.

Avec un chien, un chien superbe, grand et fort comme un lion, qui me protégeait, qui me défendait. Il n’y avait pas à craindre qu’il laissât approcher personne, excepté un jeune paysan des environs qui venait m’aider dans la culture de mes fleurs, et il était si assidu, si exact…

BALKIS.

Ton chien ?

MAÏMA.

Non, le jeune paysan… et puis il veillait sur moi et le jour et la nuit.