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GERVAIS.

Depuis trois mois à peine, que j’ai créé, cette habitation où madame la marquise a voulu me donner un intérêt… j’ai bien travaillé, par la mordieu !… mais je réponds de la fortune de notre bienfaitrice et de la nôtre…

MARGUERITE.

Déjà !…

GERVAIS.

Fortune à laquelle il ne manquait que le bonheur !… tu me l’apportes… le voilà, et Dieu sait comme tu étais attendue !…

MARGUERITE.

Dame ! la tempête et les vents contraires qui nous ont forcés de relâcher si longtemps… ça ne t’effraie pas, Gervais, un mariage qui commence par une tempête ?

GERVAIS.

Je les aime mieux avant qu’après ! mais avec toi, Marguerite, je suis toujours sûr du beau temps ! Et dis-moi !… m’apportes-tu des nouvelles de France ?

MARGUERITE.

Aucune ! pas même de ma meilleure amie, la petite Manon… à qui j’ai cédé mon fonds de couturière… pour épouser Desgrieux… de pauvres enfants que tu ne connais pas…

GERVAIS.

Ainsi, tu n’as pas entendu parler de notre nouveau gouverneur ?… on ne sait pas qui il est ?

MARGUERITE.

On doit donc en envoyer un ?

GERVAIS.

Eh oui ! avec des troupes ! les établissements français dans la Louisiane ont pris une telle importance… une ville