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LE MARQUIS, à Lescaut avec honte.

Tais-toi ! (Regardent Marguerite.) Mais voilà des traits qui ne me sont pas inconnus… où t’ai-je vue, ma jolie fille ?

MARGUERITE.

Ah ! monsieur le marquis a peu de mémoire, ou il lui arrive souvent des aventures pareilles ! Marguerite, pauvre ouvrière qui, il y a deux ans, travaillait en journée au château de madame la marquise, et monsieur le marquis…

LE MARQUIS, l’interrompant.

Bien ! bien ! je me rappelle maintenant.

MARGUERITE, continuant.

Qui, dans les intervalles de la chasse ne savait à quoi s’occuper… s’était mis à me faire la cour… pour passer le temps. Parce qu’on plaisante et qu’on aime à rire, monsieur le marquis s’était persuadé, comme beaucoup d’autres, qu’une vertu gaie et de bonne humeur est une vertu pour rire… Erreur !

LE MARQUIS.

C’est vrai… à telles enseignes que tu n’as pas voulu m’écouter !

MARGUERITE, faisant la révérence, en riant.

J’ai eu cet honneur.

LE MARQUIS.

Une brave fille, vertueuse en diable !

LESCAUT.

Cela vous changeait !

MARGUERITE.

Je dois dire aussi que monsieur le marquis ne m’en a pas voulu ; au contraire, car il a du bon ! il a tout raconté à sa mère.

LE MARQUIS.

Qui, vu la rareté du fait, a pris Marguerite en amitié…