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pieds, réclamait sa place accoutumée avec une orgueilleuse jalousie ; Douglas, toujours amoureux de la chasse, parlait du cerf à Malcolm Græme, dont la réponse, faite au hasard, trahissait la secrète pensée. Ceux qui ont goûté ces plaisirs purs apprennent à les regretter quand ils les ont perdus. Mais tout à coup Hélène lève la tête, et s’approche de la fenêtre avec un pas prudent. Quelle est la mélodie lointaine qui a la vertu de la charmer dans cette heure de tristesse ? C’est d’une tour située au-dessus de l’appartement ois elle se trouve, qu’un prisonnier chante cette romance.

XXIV.
LE LAI DU CHASSEUR PRISONNIER.

Mon faucon regrette la chasse
J’entends murmurer mon limier ;
Du repos mon coursier se lasse…
Plaignez le chasseur prisonnier !
Hélas ! quand pourra-t-il encore,
Armé de l’arc et du carquois,
Aller, au lever de l’aurore,
Poursuivre le cerf dans les bois ?

L’airain de ce clocher gothique
Marque pour moi tous les instans ;
Par l’ombre de ce mur antique
Je compte encor les pas du temps !
Mais l’alouette matinale
Peut seule réjouir mon cœur :
Combien dans cette tour fatale
Les jours sont longs pour le chasseur !

Jours heureux, si courts dans la vie,
A jamais vous ai-je perdus !
Lieux embellis par mon amie !
Ne vous reverrai-je donc plus ?
Quand du soir la douce rosée
Aux vallons rendait leur fraîcheur,
Hélène, acceptant mon trophée,
Souriait à l’heureux chasseur !

XXV.

Ce lai mélancolique était à peine fini, Hélène attentive n’avait pas encore tourné la tête, une larme brillait au bord de sa paupière, lorsqu’elle entendit le bruit d’un pas léger ; c’était l’aimable chevalier de Snowdoun qui s’approchait d’elle. Hélène s’empressa de s’éloigner de la fenêtre, de peur que le prisonnier ne recommençât son chant.

— Oh ! soyez le bienvenu, brave Fitz-James, dit-elle. Comment une pauvre orpheline pourra-t-elle s’acquitter envers vous ?… — Cessez ce langage, interrompit le chevalier ; ce n’est point à moi que votre reconnaissance est due ; il ne m’appartient pas de