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uses.

C’est là que Roderic s’arrête ; et, se dépouillant de son bouclier et de son plaid, il dit au guerrier des plaines :

CHANT CINQUIÈME. 419

— Brave Saxon, fidèle à sa promesse, le fils d’Alpine ne te doit plus rien ; ce meurtrier, cet homme implacable, ce chef d’un clan rebelle, t’a conduit sain et sauf, à travers tous ses postes, jusqu’aux limites de ses domaines ; maintenant c’est en croisant le fer avec lui, seul à seul, que tu vas éprouver la vengeance de Roderic. Me voici sans aucun avantage, armé comme toi d’une seule épée ; tu n’as plus d’autre défenseur que la tienne. nous sommes parvenus au gué de Coilantogle.

XIII.

Le Saxon répondit :

— Je n’ai pas l’habitude d’hésiter quand un ennemi. me défie l’épée à la main, et d’ailleurs, Chef valeureux, j’ai juré ta mort. Cependant ; je l’avoue, ta générosité, ta franchise, et la vie que je te dois, mériteraient une autre récompense... Le sang peut-il seul terminer notre querelle ? n’est-il aucun moyen ?... — Non ! non, étranger ! interrompit le fils d’Alpine ; et pour te rendre toute ta valeur, apprends que le sort des Saxons dépend de ton épée : ainsi l’a décidé le destin par la voix d’un prophète qui dut sa naissance à l’habitant des tombeaux :

— Celui qui le premier versera le sang assurera la victoire à son parti. —

— Hé bien ! répondit Fitz-James, crois-en mon serment ; le mot de cette énigme est déjà trouvé. Va chercher dans la bruyère de ces montagnes le cadavre sanglant de Murdoch : c’est par sa mort que le destin a accompli sa prophétie ; cède donc au destin plutôt qu’à moi. Allons ensemble à Stirling trouver le roi Jacques : là, si tu persistes à vouloir être son ennemi, ou si le monarque refuse de t’accorder ta grace et ses faveurs, j’engage ma parole que, rendu à tes montagnes, tu seras libre d’y entreprendre la guerre avec tous les avantages que te donne ta position actuelle.

XIV.

De sombres éclairs jaillissent des yeux menaçans de

27.

420 LA DAME DU LAC.

Roderic : — Es-tu donc si présomptueux, s’écrie-t-il, que tu oses proposer à Roderic de rendre hommage à ton roi, parce que tu as immolé un misérable vassal ! Roderic ne cède ni au destin ni aux hommes ; tu ne fais qu’attiser le feu de ma haine ! Le sang de mon vassal demande vengeance... Quoi donc ! tu hésites encore !... J’en atteste le ciel, je change d’opinion sur ton courage, et je reconnais en