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le tien, couleur du vert feuillage. Les chants de ma patrie étaient si doux dans sa bouche !… Ce n’est point ce que je veux dire ; mais tu peux bien me deviner.

Après ces mots, sa voix, fréquemment entrecoupée, tour à tour lente et rapide dans ses modulations, fit entendre un chant improvisé. Ses yeux fixaient avec effroi le vassal de Roderic, regardaient ensuite le chevalier, et plongeaient soudain dans la ravine[1].

XXV.

La chasse commence ;
Le cor a trois fois
Sonné dans les bois,
Et le cerf s’élance.

Il lève le front,
Fier de son courage,
Et, quittant l’ombrage,
Descend au vallon.

Errant dans la plaine,
Dédaignant de fuir,
Il entend gémir
Près d’une fontaine.

Il a vu soudain
Chevrette timide,
Dont un trait perfide,
A percé le sein.

— Fuyez, lui dit-elle,
Fuyez le trépas ;
Ne méprisez pas
Un avis fidèle.

  1. Nous avouons de bonne foi que nous avons cru impossible de traduire cette ballade de Blanche, qui exprime à la fois le délire de ses pensées et l’avis qu’elle donne au chevalier de Snoowdoun. L’espèce de petite fable que nous lui avons substituée est trop suivie pour être mise dans la bouche d’une folle. Nous allons donner la traduction littérale du texte ; mais nous doutons qu’on puisse y deviner le charme et l’harmonie bizarre de l’original : du moins on jugera de la difficulté d’une traduction fidèle en vers.

    Les filets sont dressés, les pieux sont disposés ;
    Chantez toujours gaîment, gaiment !
    Ils tendent les arcs, et aiguisent les couteaux ;
    Les chasseurs vivent si joyeusement !…

    C’était un cerf, un cerf dix cors,
    Portant ses rameaux fièrement ;
    Il descendit avec majesté dans le vallon.
    Chantez toujours hardiment, hardiment.

    Ce fut là qu’il rencontra une chevrette blessée ;
    Elle était blessée mortellement :
    Elle l’avertit que les filets étaient tendus……
    Oh ! si fidèlement ! fidèlement !

    Il avait des yeux, et il put voir……
    Chantez toujours prudemment, prudemment ;
    Il avait des pieds, et il put fuir……
    Les chasseurs veillent de si près !

    Au lieu de ces lourdes consonnances en ment, il n’y a dans le texte que des sons gracieux, comme Merrily, Warily, etc., etc.