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eux.

Ce fut pendant une de ces nuits où le roi des fées jouit de la toute-puissance, que je succombai dans un combat criminel. J’étais encore entre la vie et la mort ; je me sentis transporter au triste pays des enchantemens.

Mais si une femme courageuse osait tracer trois fois le signe de la croix sur mon front, je pourrais reprendre ma première forme, et redevenir un mortel comme vous. —

Alix ose le faire une première fois et puis une seconde : Alix avait une alpe remplie de courage. Le front du nain se rembrunit ; la caverne devient de plus en plus obscure.

Alix répète une troisième fois le signe mystérieux, et voit apparaître aussitôt le plus beau chevalier de l’Ecosse : c’était son frère, c’était Ethert-Brand !

Il est doux d’habiter sous le vert feuillage des bois quand la grive et le merle unissent leurs joyeux ramages ; mais il est plus doux encore d’entendre toutes les cloches de

CHANT QUATRIÈME. 399

l’antique Dunfermline annoncer la fête de l’hymen. —

XVI.

Le ménestrel cessait de chanter, lorsqu’un étranger se présenta dans la grotte sauvage : sa démarche guerrière, son noble aspect, son habit de chasseur en drap vert de Lincoln, son regard d’aigle, tout en lui rappelle à Hélène le chevalier de Snowdoun. C’était James Fitz-James lui-même !

Hélène parut livrée à l’illusion d’un songe, et dans sa surprise elle put à peine retenir un cri.

— Q étranger ! quel hasard funeste vous amène ici dans cette heure de péril ?

— Hélène peut-elle appeler funeste le hasard qui me procure le bonheur de la revoir ! Fidèle à sa promesse, mon ancien guide s’est trouvé ce matin au rendez-vous que je lui avais donné ; et il a conduit mes pas dans l’heureux sentier qui mène à cette grotte.

— Heureux sentier ! dit Hélène !… Quoi donc ! il ne

vous arien dit de la guerre, de la bataille qui doit se livrer, des gardes qui occupent tous les passages

— Non, sur ma foi ! et je n’ai rien vu qui pût me ‘.le faire soupçonner.

— Cours, Allan ; va trouver ce guide. Je distingue là-bas son tartan… Arrache-lui l’aveu de son dessein, et conjure-le de ne point trahir l’étranger qui se fie à lui. Quelle est donc la pensée qui t’a inspiré, homme imprudent ? Ni l’amour ni la crainte n’aur