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son poil avait la blancheur de la neige, et ses cornes étaient noires et polies comme l’ébène ; son œil étincelait comme la flamme ; il était si farouche et si indomptable qu’il retardait notre retraite, et qu’il fit trembler nos plus hardis montagnards au défilé de Beal’maha. Mais ce sentier était hérissé de cailloux aigus, et nos gens le harcelèrent si souvent du fer de leurs lances, que lors-que nous fûmes arrivés au passage de Dennan, un enfant aurait pu le frapper sans en recevoir une égratignure.

V.
NORMAN.

— Ce taureau a été immolé ; sa dépouille sanglants est étendue près de la cascade dont les flots tumultueux se précipitent avec fracas sur ce noir rocher, fameux dans nos traditions, et que sa vaste circonférence a fait surnommer le Bouclier du héros[1]. Couché sur un écueil de la rive, près du lieu où le torrent mugit et tombe, le magicien Briare sommeille au milieu du bruit continuel de son murmure ; et, pénétré de l’humide vapeur qui s’élève à l’entour, c’est là qu’il attend un songe prophétique… Non loin de la cascade repose aussi notre Chef !… Mais silence ! je vois l’ermite se glisser à pas lents à travers le brouillard et les buissons il a gravi ce roc élevé ; il s’arrête pour contempler nos soldats endormis… Dis-moi, Malise, ne semble-t-il pas un fantôme qui plane sur un camp égorgé, ou bien un corbeau qui, du haut d’un chêne frappé de la foudre, observe des chasseurs se partageant un daim, et demande, avec un croassement sinistre, sa part de la curée.

— N’en dis pas davantage, interrompit Malise ; pour tout autre que pour moi, tes paroles seraient d’un mauvais augure ; mais l’épée de Roderic, voilà, selon moi, l’oracle et la défense du clan d’Alpine, plutôt qu’aucun de ces présages du ciel et de l’enfer, que ce moine, enfant des spectres, pourrait nous révéler…

— Mais le Chef est verni le rejoindre regarde ; ils descendent ensemble du rocher.

VI.

Ce fut le long du sentier que l’ermite fit au chef du clan d’Alpine ces solennelles révélations :

    trouva parmi le butin un vieux taureau presque sauvage, dont la férocité fut d’abord redoutable aux caterans : « Mais avant que nous eussions atteint le Row de Dennan, » disait le vieillard, « un enfant lui aurait chatouillé les oreilles. »

  1. Il y a un rocher nommé le Bouclier du Héros, dans la forêt de Glenfinlas ; il a servi de refuge à un proscrit pendant plusieurs années, etc., etc.