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, et remplacés par la lueur des torches lugubres ; Duncan est déposé dans le cercueil que sa veuve mouille de ses larmes : son fils aîné se tient tristement auprès d’elle ; le plus jeune

378 LA DAME DU LAC.

pleure sans savoir pourquoi. Les vierges du hameau et leurs mères prononcent le coronach des funérailles.

XVI.

LE CORONACH.

Il n’est plus l’honneur des montagnes !

A l’heure du danger nous l’avons vu périr,

Comme on voit l’onde se tarir

Quand le soleil d’été va brûler nos campagnes !


Mais une bienfaisante pluie

Soudain fait rejaillir la source du coteau :

Duncan va descendre au tombeau ;

A nos cœurs pour toujours l’espérance est ravie !


La faucille du laboureur

Epargne les moissons qui sont vertes encore :

Hélas ! la voix de la douleur

Gémit sur le guerrier qui tombe à son aurore !


Le souffle des froids aquilons

Dépouille la forêt des feuilles jaunissantes :

La fleur qu’aujourd’hui nous pleurons,

Jeune encore, brillait de couleurs éclatantes !


Agile chasseur des coteaux,

Ta prudence savait préparer la victoire,

Ton bras nous guidait à la gloire :

Duncan, tu vas dormir du sommeil des tombeaux !


Tel que la vapeur des montagnes,

Tel que le flot qu’on voit des monts jaillir soudain,

Et fuir au loin dans les campagnes,

Le héros, parmi nous, n’a vécu qu’un matin !

XVII.

Voyez Stumah 1 qui près du cercueil contemple d’un œil surpris le corps de son maître ! Pauvre Stumah, qui au moindre geste de Duncan s’élançait plus rapide que l’éclair ! Mais il relève la tète, et dresse ses oreilles comme

(1) Nom de chien qui répond à notre Fidèle. — En.

CHANT TROISIÈME. 379

s’il entendait les pas d’un étranger. Ce n’est point la marche ralentie d’un ami qui vient pleurer sur le guerrier qui n’est plus, mais l’approche précipitée de la terreur. Chacun attend d’un air effaré : l’écuyer de Roderic entre dans la salle, et, s’arrêtant près du cercueil sans faire attention à la pompe funèbre qui s’offre à ses regards, il élève la croix rougie dans le sang, et s’écrie :