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emmes de sa mère celle que son cœur préfère, Hélène a déjà laissé l’île derrière elle, et son esquif aborde dans la baie.

XXII.

Il est des sentimens éprouvés par les mortels, qui appartiennent au ciel plus qu’à la terre ; et s’il y a des larmes si pures que les anges n’en versent pas de plus précieuses, ce sont les larmes qu’un tendre père répand sur une fille cligne de son amour quand Douglas pressa tendrement

CHANT SECOND. 359

contre son cœur sa chère Hélène, telles furent les saintes larmes qui tombèrent sur le front de la jeune fille, quoique ce fût un guerrier qui pleurât.

Hélène s’étonne de sentir expirer sur ses lèvres les expressions de la tendresse filiale ; et dans son émotion, elle ne remarque pas que la crainte (indice d’un amour sincère) tient à l’écart un aimable étranger... Non, elle ne le remarque point, jusqu’à ce que Douglas l’ait nommé... C’était pourtant Malcolm Grœme.

XXIII.

Allan considérait avec une attention inquiète le débarquement de Roderic ; il fixait un moment sur son maître un regard douloureux, et soudain sa main s’empressait d’essuyer sa paupière humide. Douglas frappa doucement sur l’épaule de Malcolm, et lui dit avec bonté : — Mon jeune ami, ne devines-tu rien dans les yeux de mon fidèle barde ? .... Je vais te dire quel souvenir l’attendrit….. Il se rappelle le jour où il me précédait en célébrant ma gloire sous les arceaux de Bothwell, et dirigeant le chœur de cent ménestrels. La bannière de Perey, conquise dans une bataille sanglante, brillait devant moi, et vingt chevaliers, dont le dernier pouvait prétendre à un rang aussi élevé que celui du Chef d’alpine, ornaient mon triomphe.

— Crois-moi pourtant, Malcolm ; j’étais moins fier de toute cette pompe, de ma victoire sur le croissant humilié, des chevaliers et des lords qui formaient mon cortège, des hymnes sacrés de Blantyre et des chants flatteurs des bardes de Bothwell ; j’étais moins fier, dis-je, de tous ces honneurs que je le suis des larmes de ce vieillard fidèle, et de la tendresse de cette fille bien-aimée ; l’accueil que je reçois est plus sincère et plus doux pour Douglas que tout ce que la fortune m’a jamais offert de plus brillant. Pardonne, ami, l’orgueil d’un père ; j’oublie avec Hélène tout ce que j’ai perdu.

360 LA DAME DU LAC.

XXIV.

Délicieuse louange ! La timide Hélène rougit, semblable à la rose printanière qu’embellissent les gouttes de la rosée…..