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a baie arrivaient au rivage de l’île, dépouillés de toute intonation trop rude. Mais bientôt on peut facilement reconnaître les sons aigres et perçans de la marche guerrière qui appelle aux combats le clan d’Alpine. Ce sont des notes rapides comme les pas précipités de mille guerriers qui accourent au rendez-vous, et ébranlent la terre par leur course rapide. A un prélude plus léger qui exprime ensuite leur marche joyeuse, succèdent le signal du combat, les clameurs confuses, le cliquetis des armes et le choc des boucliers. Après un repos dont le silence a quelque chose de triste, la musique retrace une nouvelle mêlée, la charge impétueuse, le cri de ralliement, la retraite changée en déroute, et la voix de la victoire qui proclame le clan d’Alpine.

Ces sons bizarres se terminaient par un murmure plaintif et prolongé qui aux clairons de la gloire faisait succéder l’hymne funèbre pour ceux qui n’étaient plus.

XVIII.

Les cornemuses avaient cessé de se faire entendre ; mais le lac et les coteaux répétaient une nouvelle harmonie ; un

CHANT SECOND. 357

chœur de voix remplaçait les accords des instrumens guerriers ; cent vassaux de Roderic célébraient les louanges de leur Chef. Chaque rameur, incliné sur son aviron, lui imprimait un mouvement cadencé, semblable au bruissement des arbres quand la brise d’hiver se glisse dans leurs rameaux dépouillés de feuilles.

Allari distingua le premier le chant entonné par le chœur, dont bientôt Hélène put aussi saisir les accens guerriers.

XIX.

LE CHANT DU CLAN D’ALPINE.

Honneur au Chef vaillant que conduit la victoire !

Honneur au noble pin que forme son cimier !

Qu’il fleurisse à jamais dans notre clan guerrier,

Et soit pour nos neveux l’étendard de la gloire.


De ta rosée, ô ciel ! féconde ses rameaux,

Et des sucs de la terre enrichis sa racine ;

Qu’il donne chaque jour des rejetons nouveaux :

Célébrons à l’envi Roderic, fils d’Alpine.


Ce n’est point un rameau qu’on voit dans les campagnes

Croître avec le printemps, et l’hiver se flét