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— Tu balances ta tête blanchie, ami fidèle ; tes regards ne me disent en faveur de Roderic rien que je n’avoue. Oui, Roderic est vaillant ; mais il est terrible comme la vague menaçante de Bracklinn ; il est généreux,... excepté quand un transport de vengeance ou de jalousie embrase son cœur. Je conviens qu’il est fidèle à ses amis comme sa claymore l’est à son courage ; mais ce même fer serait plus susceptible de pitié pour un ennemi que le cœur de Roderic.

Il est libéral quand il s’agit d’abandonner à son clan le butin qu’il rapporte à travers les lacs et les ravines, après avoir laissé des monceaux de cendres rougies de sang dans les plaines où s’élevait un riant hameau.

J’honore la main qui combattit pour mon père, comme doit l’honorer la fille de Douglas ; mais pourrais-je la serrer dans la mienne quand elle s’offre à moi toute fumante du sang des malheureux cultivateurs égorgés dans leurs chaumières ? Non ! Plus les qualités de Roderic répandent d’éclat, plus elles font ressortir ses passions et son orgueil ; elles sont comme l’éclair dans une nuit obscure.

Encore enfant (à cet âge l’instinct nous fait distinguer nos ennemis de nos amis), je frémissais à l’aspect de son front farouche, de son plaid ondoyant et de son noir panache. Pourrais-je aujourd’hui souffrir son air hautain et superbe ? Mais si c’est sérieusement que tu attribues à Roderic la prétention de devenir mon époux, j’éprouve un sentiment de douleur, je dirais même de crainte si ce mot était connu des Douglas...

Laissons là un entretien odieux : que penses-tu, Allan,

CHANT SECOND. 355

de l’étranger auquel nous avons donné l’hospitalité ?

XV.

— Ce que j’en pense ?... Maudit soit l’instant qui amena cet inconnu dans notre île ! L’épée de ton père, fabriquée jadis par un art magique pour Archibald Tineman, alors qu’apaisant d’anciennes haines il réunit les lances des frontières aux arcs d’Hotspur, l’épée de ton père, en sortant d’elle-même du fourr