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Suite du chant d’Hélène


Noble chasseur, dans ce séjour oublie
Que tes limiers accusent ton sommeil ;
De nos accens la magique harmonie,
Au lieu du cor, charmera ton réveil.
Laisse le cerf dormir dans son asile ;
Ne songe plus aux hôtes des forêts ;
Que le trépas de ton coursier agile
Cesse en ces lieux d’exciter tes regrets.

Noble chasseur, dans ce séjour oublie
Que tes limiers accusent ton sommeil ;
De nos accens la magique harmonie,
Au lieu du cor, charmera ton réveil.


XXXIII.

Les dames se retirent ; le chevalier reste seul… Les bruyères de la montagne composent la couche qui lui est destinée. Avant lui, maint chasseur y avait reposé ses membres fatigués, et rêvé de ses exploits dans les forêts : mais c’est en vain que ces bruyères sauvages répandent le parfum des montagnes autour de l’étranger : le charme d’Hélène n’avait pu calmer par le baume du sommeil la fièvre de son cœur agité ; des rêves interrompus ne cessent de lui offrir l’image de ses périls et de ses regrets ; tantôt il croit revoir son coursier qui s’abat dans le ravin ; tantôt c’est la nacelle qui s’abîme sous les flots du lac. — Il se trouve à la tête d’une armée en déroute ; son étendard est renversé, son honneur est perdu ; puis tout à coup (puisse le ciel éloigner de ma couche ce fantôme, le plus odieux des enfans de la nuit !) le souvenir de sa jeunesse vient se présenter à son imagination ; il se rappelle les piéges tendus à sa confiance et à sa franchise ; il échange de nouveau son cœur avec des amis qui l’ont trompé depuis long-temps : il les reconnaît tous les uns après les autres ; les indifférens, les traîtres, et ceux qui ne sont plus ; leurs mains serrent les siennes, leurs fronts respirent la gaieté comme s’ils n’avaient jamais été désunis. À cet aspect un doute affreux le désespère… Est-il abusé par ses sens ? leur mort ou leur perfidie fut-elle un rêve ? est-ce l’illusion ou la réalité qui le poursuit ?

XXXIV.

Enfin il se figure qu’il s’égare dans un bosquet avec Hélène, et lui parle d’amour : Hélène l’écoute en soupirant et la rougeur sur le visage ; il la presse avec éloquence ; il espère l’attendrir. Hélène laisse aller sa main : il veut la saisir ; c’est un gantelet de fer qu’il rencontre. Le fantôme a changé de sexe : un cimier brille sur sa