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trels pincent leurs harpes, voici les vers magiques que nous chantons[1].

Elle fit alors entendre ces paroles, et une harpe inaperçue remplissait par ses accords les intervalles de son chant :

XXXI.


CHANT D’HÉLÈNE[2].


Noble guerrier, dépose ici tes armes ;
Viens te livrer aux douceurs du repos.
Ne songe plus aux combats, aux alarmes,
À la victoire, aux lauriers des héros.
D’un enchanteur la main mystérieuse
À préparé ta couche en ce château:
Le jour a fui ; sa harpe harmonieuse
Va t’assoupir par un charme nouveau.

Noble guerrier, dépose ici tes armes ;
Viens te livrer aux douceurs du repos ;
Ne songe plus aux combats, aux alarmes,
À la victoire, aux lauriers des héros.

Tu n’entendras ni le cri du carnage,
Ni des coursiers les fiers hennissemens,
Ni les vaincus expirant avec rage,
Ni les clairons des guerriers triomphans;
Mais aussitôt qu’un nouveau jour colore
De pourpre et d’or les coteaux et les cieux,
L’oiseau s’éveille, et, saluant l’aurore,
Redit aux bois ses concerts amoureux.

Tu n’entendras ni le cri du carnage,
Ni des coursiers les fiers hennissemens,
Ni les vaincus expirant avec rage,
Ni les clairons des guerriers triomphans,


XXXII.

Hélène s’arrête, et puis continue en rougissant. Les douces modulations de sa voix prolongent la mélodie de ses chants jusqu’à ce que l’inspiration fasse couler de ses lèvres les mots cadencés par le rythme.

  1. « Les montagnards aiment beaucoup la musique, mais surtout celle des harpes et des clairschoes à la façon du pays. Les cordes des clairschoes sont de fil d’archal, et celle des harpes de substances tendineuses : ils les pincent avec leurs ongles qu’ils laissent grandir, ou avec un instrument à cet usage. Ils prennent grand plaisir à orner leurs harpes avec de l’argent ou des pierres précieuses, et dans les classes pauvres, avec du cristal. Ils composent et chantent des vers à la louange des héros : leur langage est une altération de l’ancien français. (Essais sur le royaume d’Écosse en 1597 ; Londres, 1603.)

    Les anciennes ballades des montagnards font seules mention aujourd’hui des harpes et des clairschoes, et la cornemuse (the bagpipe) les remplace aujourd’hui.

    M. Gunn, d’Edimbourg, a publié un essai curieux sur la harpe et la musique des anciens montagnards.

  2. Quoique nous ayons reconnu la difficulté d’être fidèle traducteur en vers, nous ne donnerons le mot à mot des ballades de la Dame du Lac que quand nous serions essentiellement écartés du sens de l’auteur.