Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/346

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle s’arrêta un instant sous ce péristyle, et dit gaiement à l’étranger.

— Recommandez-vous au ciel et à votre dame avant d’entrer dans le château enchanté.

XXVII.

— Aimable guide, je vous suis ; vous êtes ma providence, ma confiance et mon espoir, répondit-il.

Il franchit le seuil, et le bruit d’un acier menaçant frappe soudain son oreille. Son front brille de la flamme du courage ; mais il rougit bientôt de cette vaine alarme en apercevant sur le plancher la cause du bruit qu’il venait d’entendre ; c’était une épée nue qui s’était échappée de son fourreau suspendu négligemment sur un bois de cerf ; car des trophées de guerre ou de chasse décoraient toutes les murailles : ici un bouclier, un cor, une hache d’armes, un épieu, des épées[1], des arcs et des faisceaux de flèches, étaient mêlés aux défenses du sanglier ; d’un autre côté, la tête d’un loup semblait encore grincer des dents comme lorsqu’il fut percé du coup mortel ; et la fourrure rayée d’un chat-pard ornait la tête de l’élan, ou s’étendait comme un manteau sur les cornes d’un bison.

Des bannières usées, et conservant les traces noirâtres du sang, des peaux tigrées de daims formaient, avec la dépouille de la loutre et du marsouin, la tapisserie extraordinaire de cette salle rustique.

XXVIII.

L’étranger promenait çà et, là des regards surpris ; il releva ensuite l’arme qui était tombée. Peu de bras auraient eu la force de la manier. — Je n’ai connu qu’un mortel, dit-il en l’examinant, qui fût capable de se servir d’une telle épée dans les batailles.

Hélène soupira, puis elle prit la parole en souriant :

— Vous voyez, dit-elle, l’épée du chevalier gardien de cette demeure ; ce fer est aussi léger pour sa main qu’une baguette de coudrier dans la mienne. La haute stature de mon père serait digne des jours de Ferragus et d’Ascabart (b) ; mais en l’absence du géant, ce château n’est habité que par des femmes et des serviteurs chargés d’années.

XXIX.

La maîtresse du château survint ; c’était une dame d’un âge mûr,

  1. Brond-sword, l’épée écossaise, une espèce de claymore.