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LE NAIN NOIR

j’aurais repoussé vos injustes soupçons comme une insulte ; mais dans la position où nous nous trouvons…

— Vous vous trouvez obligé d’être sincère ? interrompit sir Frédéric en ricanant ; vous n’avez qu’un moyen de m’en convaincre, c’est de célébrer, dès ce soir, mon mariage avec votre fille.

— Si promptement ? impossible !

— Je n’écoute rien. Il y a une chapelle dans ce château ; le docteur Hobbler est au nombre de vos hôtes : donnez-moi cette preuve de votre bonne foi. Si vous me la refusez en ce moment où votre intérêt doit vous porter à consentir à ma demande, comment puis-je espérer que vous me l’accorderez demain.

— Et si je consens à vous nommer mon gendre ce soir, notre amitié se trouvera-t-elle solidement renouée ?

— Très certainement, et de la manière la plus inviolable.

— Eh bien, quoique votre demande soit prématurée, ma fille sera votre épouse.

— Ce soir ?

— Ce soir, avant que l’horloge ait sonné minuit.

— De son consentement, j’espère, s’écria Mareschal : car je vous préviens, Messieurs, que je ne resterais pas paisible spectateur d’une violence exercée contre les sentiments de mon aimable cousine.

— Pour qui me prenez-vous, Mareschal ? croyez-vous que ma fille ait besoin de protection contre son père ? Soyez persuadé qu’elle n’a aucune répugnance pour sir Frédéric. La seule chose qui m’embarrasse, poursuivit Ellieslaw, c’est le peu de temps qui nous reste ; mais si elle faisait trop d’objections, je me flatte que sir Frédéric lui accorderait…

— Pas une heure, monsieur Vere. Si je n’obtiens pas la main de votre fille ce soir, je pars, fût-ce à minuit. Voilà mon ultimatum.

— Eh bien, j’y consens ; je vais préparer ma fille à un événement auquel elle ne s’attend pas.

À ces mots M. Vere sortit.