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LE NAIN NOIR.

proposition. On marcha vers Westburnflat, mais à peine avaient-ils pris cette direction, qu’ils aperçurent quelques cavaliers.

— Voici Earnscliff, dit Mareschal.

— Ma fille est avec lui ! s’écria Ellieslaw avec fureur. — Eh bien, Messieurs, mes soupçons sont-ils justifiés ? Aidez-moi à l’arracher des mains de ce ravisseur.

Il tira son épée ; sir Frédéric en fit autant, et quelques-uns de leurs amis les imitèrent ; mais le plus grand nombre hésitaient.

— Un instant ! s’écria Mareschal Wells en se jetant devant eux. Vous voyez qu’ils avancent paisiblement, attendons qu’ils nous donnent quelques détails sur cette affaire mystérieuse. Si miss Vere a souffert la moindre insulte, croyez que je serai le premier à la venger.

— Vos doutes me blessent, Mareschal, dit Ellieslaw ; vous êtes le dernier de qui j’aurais attendu un tel discours.

— Vous vous faites tort à vous-même par votre violence, Ellieslaw, puis, s’avançant à la tête de la troupe, il cria : — Earnscliff, on vous accuse d’avoir enlevé la dame que vous accompagnez, et nous sommes ici pour la venger et pour punir ceux qui ont osé l’injurier.

— Et qui le ferait plus volontiers que moi, monsieur Mareschal, répondit Earnscliff avec hauteur, moi qui ai eu le bonheur de la délivrer ce matin de la prison où on la retenait, et qui en ce moment la reconduisais chez son père ?

— La chose est-elle ainsi, miss Vere ? lui demanda son cousin.

— Oui, répondit-elle aussitôt ; j’ai été enlevée par des misérables, et j’ai été remise en liberté, grâce à l’intervention de M. Earnscliff et de ces braves gens.

— Mais par qui et pourquoi cet enlèvement a-t-il été exécuté ? Ne connaissez-vous pas l’endroit où l’on vous a conduite ?

Avant qu’on eût pu répondre à aucune de ces questions, Ellieslaw survint, et rompit la conférence. — Quand je connaîtrai parfaitement, dit-il, toute l’étendue de mes obligations envers M. Earnscliff, il peut compter sur une reconnaissance proportionnée à ses services. En attendant, je le remercie d’avoir remis ma fille entre les mains de son protecteur naturel.

En parlant ainsi, il mit la main sur la bride du cheval d’Isabelle, et reprit le chemin de son château. Comme il s’écartait du reste de la compagnie, ses amis, comprenant qu’il semblait désirer d’être seul avec elle, se gardèrent de les interrompre.

À l’instant où la société saluait Earnscliff pour se retirer, celui-ci, peu satisfait de la conduite d’Ellieslaw, dit avec chaleur : — Messieurs, quoique ma conscience me rende le témoignage que rien