Page:Scott - Nain noir. Les puritains d'Ecosse, trad. Defauconpret, Garnier, 1933.djvu/358

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
LES PURITAINS D’ÉCOSSE

il passa en Hollande : là, ceux mêmes de nos frères qui étaient en exil refusèrent de le voir, et le prince d’Orange lui fit ordonner de sortir du pays. Il retourna donc auprès de moi et dans son ancien lieu de refuge, qu’il connaissait depuis longtemps et où il était encore caché deux jours avant la grande victoire de Loudon-Hill, Je me souviendrai toujours qu’il y revenait le soir du jour où le jeune Milnwood fut capitaine du perroquet.

— Quoi ! dit Morton, c’est donc vous qui, assise sur le bord du chemin, lui dîtes qu’un lion était dans le chemin qui conduit aux montagnes ?

— Au nom du ciel ! qui êtes-vous donc ? s’écria la vieille aveugle. Mais, qui que vous soyez, continua-t-elle, pouvez-vous trouver mauvais que j’aie voulu sauver la vie d’un de mes amis comme j’ai sauvé celle d’un de mes ennemis ?

— Non, vraiment, ma bonne femme. Continuez votre récit. J’ai seulement voulu vous prouver que je connais assez bien les affaires de celui dont nous parlons, pour que vous puissiez me confier ce qui vous reste à m’apprendre.

— Je n’ai plus que peu de chose à dire. — Les Stuarts ont été détrônés, Guillaume et Marie règnent à leur place, mais il n’est pas plus question du Covenant que s’il n’existait pas. Ils ont accueilli le clergé toléré et une assemblée érastienne, au lieu de la sainte église d’Écosse. Nos fidèles champions sont encore plus mal avec ces hypocrites qu’avec la tyrannie déclarée des jours de persécution.

— En un mot, dit Morton, vous n’êtes pas pour le nouveau gouvernement, et Burley pense comme vous.

— Plusieurs de nos frères croient que nous avons combattu, jeûné, prié, souffert pour la grande ligue nationale du Covenant, et qu’on oubliera tout à fait que nous avons combattu, jeûné, prié et souffert. D’abord on crut qu’on parviendrait à quelque chose en rappelant l’ancienne dynastie avec de nouvelles conditions ; et après tout, si le roi Jacques a été banni, j’ai entendu dire que les plus grands reproches que lui adressassent les Anglais étaient en faveur de sept prélats impies. De sorte que, bien qu’une partie des nôtres aient adopté le régime actuel et levé un régiment sous les ordres du comte d’Angus, notre brave ami et quelques autres préférèrent écouter les jacobites plutôt que de se déclarer contre eux.

— Se sont-ils bien adressés pour obtenir la liberté de conscience ?

— Oh ! mon cher Monsieur, le jour naturel se lève à l’orient ; mais la lumière spirituelle peut venir du nord.