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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

sommes prêts à commencer l’attaque ; je vais pourtant la suspendre pendant une heure, afin de vous donner le temps de communiquer ma réponse aux insurgés. S’ils veulent déposer les armes, et m’envoyer une députation, je me regarderai comme obligé d’honneur d’obtenir pour eux une amnistie générale et le redressement des torts dont ils se plaignent. S’ils s’y refusent, qu’ils n’accusent qu’eux-mêmes des conséquences… Je crois, Messieurs, dit-il en se tournant vers les deux généraux, que, d’après mes instructions, je ne puis faire plus.

— Non, sur mon honneur, s’écria Dalzell, et je n’aurais jamais osé porter si loin l’indulgence.

Monmouth rougit. — Vous entendez, dit-il à Morton, que le général Dalzell me blâme.

— Les sentiments du général Dalzell, Milord, et ceux que vous daignez nous témoigner, répondit Henry, sont tels que nous les attendions de chacun de vous. Je ferai part à nos chefs de la réponse, et puisque nous ne pouvons obtenir la paix, il faudra nous en remettre au sort des armes.

— Adieu, Monsieur, dit le duc : souvenez-vous que je suspends l’attaque pour une heure seulement. Si vous avez une réponse à me donner d’ici là, je la recevrai, et je désire bien vivement qu’elle soit de nature à éviter toute effusion de sang.

Le duc fit signe à Morton de se retirer ; il obéit, et la même escorte qui l’avait amené le reconduisit à travers le camp. Quand il passa devant le régiment des gardes, Claverhouse s’avança vers lui, et dit : — Ce n’est pas la première fois, je crois, que j’ai l’honneur de voir monsieur Morton ?

— Ce n’est pas la faute du colonel Claverhouse, répliqua Morton, si en ce moment ma présence est importune à quelqu’un.

— Permettez-moi au moins de dire que la situation où je trouve monsieur Morton justifie l’opinion que j’avais conçue de lui, et qu’à l’époque dont il parle ma conduite était conforme à mon devoir.

— Vous seul, colonel, m’avez jeté dans les rangs de gens dont j’approuve les principes sans approuver toutes leurs actions. Quant à la manière dont vos actes s’accordent avec votre devoir, c’est votre affaire et non la mienne. Vous n’espérez pas que j’approuve la sentence injuste que vous aviez rendue contre moi.

Morton se disposait à continuer sa route ; mais Claverhouse le retint. — Un instant, je vous prie, lui dit-il : Evandale prétend que j’ai effectivement quelques torts à réparer envers vous. J’avoue que je ferai toujours une grande différence entre un homme d’un esprit élevé, qui s’égare sans doute, et les misérables fanatiques