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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

avait mis les armes à la main. Monmouth le reçut avec la courtoisie qui distinguait ses actions les plus frivoles, Dalzell le regarda d’un air sombre et impatient ; Claverhouse, lui adressant un sourire ironique et un léger salut, semblait ne pas avoir oublié une ancienne connaissance.

— Monsieur, lui dit le duc, vous venez de la part de ces gens égarés, et votre nom est, je crois, Morton. Voulez-vous nous faire connaître le motif de votre démarche ?

— Milord, répondit Henry, il est contenu dans un écrit que lord Evandale a dû remettre entre les mains de Votre Altesse.

— Je l’ai lu, et j’ai appris de lord Evandale que dans ces malheureuses circonstances monsieur Morton s’est conduit avec autant de modération que de générosité.

Cependant le duc paraissait combattu, d’un côté par sa bonté naturelle et par la conviction qu’il éprouvait que la demande qui lui était adressée n’était pas déraisonnable ; d’un autre, par le désir de maintenir l’autorité royale et de se conformer aux avis plus sévères des conseillers qu’on lui avait donnés, conseillers qui étaient même un peu ses surveillants.

— Monsieur Morton, il se trouve dans cet écrit des demandes sur lesquelles je dois m’abstenir de faire connaître mes sentiments : il en est également quelques-unes qui me paraissent justes et raisonnables ; et, quoique je n’aie point reçu du roi d’instructions formelles à cet égard, je vous donne ma parole d’honneur que j’intercéderai auprès de lui en faveur de ses sujets égarés, et que j’emploierai tout mon crédit pour leur faire obtenir satisfaction. Mais vous devez comprendre que je ne puis céder qu’à des prières. Il faut donc avant tout que vos partisans mettent bas les armes et se dispersent.

— Agir ainsi, Milord, répondit hardiment Morton, ce serait reconnaître que nous sommes des rebelles, comme nos ennemis nous en accusent. Nous avons tiré l’épée, non contre notre souverain, mais pour recouvrer des droits légitimes dont nous a privés la violence. Votre Altesse a daigné reconnaître la justice de quelques-unes de nos demandes. Nous ne pouvons donc déposer les armes, sans avoir quelque assurance que la liberté civile et religieuse nous sera rendue, comme nous avons le droit de le demander.

— Monsieur Morton, vous avez assez vu le monde pour savoir que, innocentes en elles-mêmes, certaines demandes deviennent criminelles par la manière dont elles sont présentées.

— Nous n’avons eu recours à celle que nous employons aujourd’hui qu’après avoir vainement épuisé toutes les autres.

— Je dois terminer la cette conférence, monsieur Morton ; nous