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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

être toujours prêt à embrasser l’avis de celui qu’il croyait être le plus fort. Ils firent observer que puisque le roi n’avait confié le commandement qu’à un général d’un caractère doux, et dont on connaissait les dispositions favorables à la cause des presbytériens, il était probable qu’on avait à leur égard des intentions moins hostiles ; qu’il était donc prudent de s’assurer si le duc de Monmouth n’avait pas en leur faveur quelques instructions secrètes ; enfin, que le seul moyen de s’en instruire était de députer vers lui.

— Et qui voudra se charger d’aller dans son camp ? dit Burley. Claverhouse n’a-t-il pas juré de faire pendre le premier parlementaire que nous lui enverrions.

— Que cette raison ne soit pas un obstacle, répondit Morton ; je remplirai cette mission si le conseil veut me la confier.

— Laissons-le partir, dit tout bas Burley à Macbriar.

Cette proposition ne fut donc combattue par aucun de ceux qui semblaient devoir y apporter le plus d’opposition, et il fut résolu que Henry Morton se rendrait auprès de Monmouth. Dès que cette détermination fut connue, plusieurs presbytériens du parti modéré vinrent prier Morton de ménager un accommodement, en s’en tenant aux termes de la pétition confiée à lord Evandale, car l’approche de l’armée royale répandait une terreur générale.

Muni de ses instructions, et suivi du fidèle Cuddy, Morton partit donc pour le camp des royalistes. Il n’avait encore parcouru que trois ou quatre milles, quand il s’aperçut qu’il allait bientôt rencontrer l’avant-garde de Monmouth.

Morton déploya un drapeau blanc, et, s’adressant au premier détachement de cavalerie qu’il rencontra, il fit part au brigadier qui le commandait de son désir de parler au duc de Monmouth. Le brigadier répondit qu’il devait en référer à son capitaine, et celui-ci arriva bientôt, accompagné du major.

— Vous perdez votre temps, lui dit ce dernier. Le duc de Monmouth n’écoutera aucune proposition de la part des rebelles.

— Quand le duc de Monmouth nous croirait coupables, répondit Morton, je ne puis penser qu’il voulût condamner tant de sujets du roi sans avoir entendu leur défense.

Les deux officiers se regardèrent.

— J’ai dans l’idée, dit le capitaine, que c’est là le jeune homme dont lord Evandale a parlé.

— Lord Evandale est-il à l’armée ? demanda Morton.

— Il est à Édimbourg, répondit le major. Votre nom. Monsieur, serait-il Henry Morton ?

— Oui, Monsieur.

— Nous ne nous opposerons donc point à ce que vous voyiez